Tout a commencé par une bouteille à la mer sur le forum Geneanet…
Une recherche d’informations sur William Georges CUNNINGHAM, né à Singapour le 13 octobre 1837, fils de Daniel CUNNINGHAM et de Mary Ann CROFTON, et marié à Stéphanie Louise DRON le 3 août 1864 à Singapour. Le généalogiste ayant posté le message recherchait les actes de naissance et de mariage de William.
Animée par le désir d’expérimenter la généalogie à la singapouriennne, j’ai eu envie de me pencher sur cette recherche.
Voilà les informations de départ : Daniel CUNNINGHAM était né à Londonderry en Irlande en 1787 et était décédé à Madras en Inde en 1852. Mary Ann quant à elle était née à Dublin en 1800 et décédée à Singapour le 1er février 1864. Bien que né en Irlande, le couple était britannique.
Daniel aurait eu une plaque visible à la Cathedral of the Good Shepherd à Singapour, et Mary Ann aurait été enterrée au cimetière de Fort Canning à Singapour.
Je me retrouvais donc avec plusieurs pistes :
– L’Etat Civil de Singapour pour retrouver :
- l’acte de naissance de William Georges CUNNINGHAM le 13 octobre 1837
- l’acte de décès de Mary Ann CROFTON le 1er février 1864
- l’acte de mariage de William CUNNINGHAM avec Stéphanie DRON le 3 août 1864
– Les cimetières et les églises pour retrouver :
- la plaque de Daniel CUNNINGHAM à la Cathedral of the Good Shepherd
- la tombe de Mary Ann CROFTON au cimetière de Fort Canning
1. L’Etat Civil
J’ai d’abord par curiosité jeté un coup d’oeil à l’acte de décès de William Georges CUNNINGHAM en 1891 à Vannes, pour voir ce qu’il donnait comme indications sur le lieu de sa naissance. L’acte indiqua que William était né à « Singapoure (Presqu’île de Malacca) ».
Cependant il y a un problème de taille, le Singapour que l’on connait aujourd’hui est un pays très jeune dont le propre acte de naissance (ou plutôt d’indépendance) date de 1965 ! En 1837 et 1864, années des actes que je recherche, Singapour est une colonie anglaise. C’est Sir Stamford RAFFLES qui en a fait une colonie en 1819, et lui a permis de passer du statut de simple port de pêche à port commercial incontournable en Asie. Singapour sera brièvement rattachée à la Malaisie après la Seconde Guerre Mondiale, pour obtenir son indépendance en 1965.
Je me suis alors adressée aux National Archives of Singapore (NAS), l’équivalent de nos archives nationales… mais aussi départementales et municipales (oui souvenez-vous, Singapour est une ville-état). Ceux-ci m’ont dit qu’ils ne possédaient pas l’Etat Civil de cette époque et qu’il fallait que je m’adresse à l’Immigration singapourienne, the Immigration and Checkpoints Authority of Singapore (ICA), qui tient les registres de naissances et de décès… mais seulement depuis 1872.
Je n’ai malheureusement pas eu de réponse de leur part. Etant donné que c’est aussi cet organisme qui m’a gentiment délivré mon tant attendu visa de travail, je n’ai pas encore insisté… Restait donc la seconde piste, les cimetières !
2. Les cimetières et les églises
Une première nouvelle m’a annoncé que cette deuxième piste n’allait pas être plus facile à suivre. La Cathedral of the Good Shepherd est aujourd’hui fermée pour travaux pour deux ans. Fondée en 1832, elle est la plus vieille église catholique romane de Singapour. J’ai tout de même contacté le Révérend en charge de l’église pour savoir s’il connaissait l’existence de cette plaque. Pas de réponse à ce jour.
Restait le cimetière de Fort Canning Park. Il fut le premier cimetière où étaient enterrés les européens à Singapour… mais aujourd’hui il n’existe plus !
Cependant, j’ai appris que certaines pierres tombales avaient été gardées et intégrées dans des murs à l’intérieur du parc.
Pour un article complet sur Fort Canning Cemetery rendez-vous ici :
http://eresources.nlb.gov.sg/infopedia/articles/SIP_1685_2010-07-14.html
J’ai donc entraîné mon mari à Fort Canning un après midi à la recherche des fameux murs. Nous avons erré quelques temps dans le parc (qui fait quand même 18 hectares) avant de tomber enfin sur les précieux murs cachés dans une section en travaux. Les pierres tombales étaient là, incrustées, abîmées, difficilement déchiffrables. Sans conviction nous avons commencé à les lire en marchant le long du mur.
Et soudain bingo ! Nous avons reconnu le nom de Mary Ann CUNNINGHAM sur l’une des plaques !
Voici ce que nous avons déchiffré :
TO THE MEMORY
OF A LOVING AND BELOVED MOTHER
Mrs MARY ANN CUNNINGHAM
OF DUBLIN IRELAND
WIDOW OF THE LATE DANIEL CUNNINGHAM
WHO DEPARTED THIS LIFE
ON THE 1 FEBRUARY 1864
AGED 64 YEARS AND SIX MONTHS
LEAVING BEHIND HER AN EVER AFFLICTED SON
MAY HER SOUL REST IN PEACE
En bas de la plaque, conclut une citation issue de la Bible :
“For I know that my redeemer liveth
And in the last day I shall rise
Out of the Earth”
Job XIX, 25
Et voila, nous avions trouvé la fameuse plaque ! Mais en continuant le long du chemin, j’ai remarqué tout à coup un second CUNNINGHAM !
Voici le texte déchiffré :
THIS TABLET
IS ERECTED BY
W.G. CUNNINGHAM
TO THE MEMORY OF HIS LATE
STEP BROTHER
PATRICK JOSEPH NEVILLE
AGED 33 YEARS 5 MONTHS
BORN 6 JANUARY 1825
DIED 6 JUNE 1858
MAY HIS SOUL REST IN PEACE
William Georges a donc fait ériger cette plaque pour son beau frère Patrick Joseph NEVILLE également décédé à Singapour.
Voici donc nos trouvailles actuelles sur la famille CUNNINGHAM. En rédigeant cet article, je suis tombée sur le site http://billiongraves.com qui est un site collaboratif de photographies de tombes. J’y ai retrouvée la photographie de la plaque de Daniel CUNNINGHAM à la Cathedral of the Good Shepherd !
La piste des cimetières et des églises est donc complètement exploitée. J’attends désormais la réponse de l’ICA pour espérer retrouver plus d’indices sur l’Etat Civil de la famille CUNNINGHAM.
Bravo et merci de nous faire profiter de cette enquête passionnante et exotique ! J’espère qu’elle va se poursuivre 🙂
A bientôt,
Elise
De la généalogie tout terrain ! Passionnant ! Bravo, je partage !
Voilà une enquête qui nous fait voyager… j’aime !