Imaginez un objet qui soit l’aboutissement de vos recherches généalogiques, capturant les histoires des vos ancêtres, tout en mettant en valeur les documents d’archives que vous avez récoltés pendant toutes ces années. Eh bien cet objet, c’est le livre généalogique !

Bien plus qu’une simple compilation de noms et de dates, il est le résultat tangible de vos investigations, il rassemble anecdotes, photographies, histoires, contextes, cartes et arbres.

Le livre généalogique est le support par excellence pour transmettre sa généalogie à sa famille : c’est un bel objet qu’on peut manipuler, feuilleter au gré des histoires…

Imaginez-le trôner fièrement sur votre table basse, attisant la curiosité de vos enfants et de vos petits-enfants, suscitant des conversations animées autour de l’histoire de votre famille.

Il symbolise un pont entre le passé et le présent. Il est une invitation au voyage dans le temps. Il est un legs précieux pour les générations à venir !

Aujourd’hui, je vous propose de plonger dans les coulisses de la création d’un tel ouvrage, et de découvrir ma méthodologie pour donner vie à vos recherches dans ce livre.

Depuis que j’ai créé mon entreprise de généalogiste professionnelle, j ‘ai eu le privilège de travailler sur une dizaine de livres généalogiques pour mes clients, chacun racontant une histoire unique. Cette méthodologie je l’ai bien rôdée au fil de ces livres et j’espère qu’elle vous sera utile pour le votre ! On y va !

Étape 1 – Définir le périmètre de votre livre généalogique

Tout d’abord il faut bien définir le périmètre de votre livre, autrement dit, de quels ancêtres allez-vous parler dans ce livre ?

Voici les périmètres que je rencontre le plus souvent :

  • la généalogie d’une personne racine sur six générations – intitulé “Dans les Branches de Sophie”, par exemple. Ici, on ne s’intéresse qu’aux ascendants d’une personne. Cela représente 63 personnes et environ 200 pages.
  • la lignée des hommes – par exemple, “Les Chometon à travers les siècles”, ce qui implique de bien creuser les biographies de chacun.
  • la lignée des femmes – “Chroniques maternelles : généalogie de mère en fille”.
  • la généalogie descendante d’un couple – intitulé « De Jacques et Louise jusqu’à nous : deux siècles d’histoires ».

Étape 1bis – Définir l’organisation de votre livre généalogique

Suivant le périmètre, vous allez pouvoir adopter plusieurs types d’organisation.

Pour la généalogie ascendante d’une personne racine, on peut faire une première partie sur la personne, ses parents et ses grands-parents, et ensuite une partie par branche issue de chaque grand-parent (donc cinq parties au total) ou ch. Si on remonte sur plus que six générations, on peut aussi faire un découpage plus fin en faisant une première partie jusqu’aux arrière-grands-parents, puis une partie pour chacun des huit arrière-grands-parents.

Pour la généalogie par lignée, on peut juste suivre la lignée dans le temps et avoir une partie par ancêtre.

Pour la généalogie descendante, on peut faire une partie par enfant ou petit-enfant du couple dont on étudie les descendants.

En termes de présentation, dans mes livres, je travaille toujours ancêtre par ancêtre. Donc chaque ancêtre va avoir sa page (ou ses pages) avec sa biographie et les documents d’archives le concernant. Pour un couple, je présente d’abord l’un, puis l’autre et ensuite leur mariage et leurs enfants.

Étape 2 – Rassembler les documents et les informations

Assurez-vous d’avoir rassemblé tous les documents et les informations pertinents sur chacun de vos ancêtres.

C’est le moment d’effectuer des recherches généalogiques complémentaires sur chacun.

Vous allez être surpris de découvrir que vous êtes passé à côté de plein d’informations sur vos ancêtres ! Eh oui c’est aussi l’avantage d’un tel projet : redécouvrir ses ancêtres sous un autre angle !

Voici ma checklist de documents à bien rechercher pour chacun :

  • Acte de naissance
  • Fiche matricule pour les hommes
  • Acte de mariage + contrat de mariage s’il existe
  • Acte de décès
  • Déclaration de succession si elle existe
  • Indication de sépulture
  • Articles de presse
  • Documents notariés
  • Anecdotes
  • Lettres

Pour chaque document, j’écris précieusement sa source complète. Par exemple pour un acte de naissance : Archives Départementales de Seine Maritime – Registres d’État Civil – Le Havre – Naissances (1832) – Cote 4E 08676 (Internet) – Acte n°196

Ces sources figureront dans le livre. C’est important, car pour moi dans recherche généalogique il y a le mot “recherche”. Le livre met en avant un travail de recherche qui doit donc être rigoureusement sourcé.

Cette étape est également l’occasion d’écrire les anecdotes familiales et passer d’une mémoire orale à une mémoire écrite. Les anecdotes de vos ancêtres, qui ont parfois traversé les décennies, sont des trésors. Si elles sont arrivées jusqu’à vous, c’est votre rôle de les chérir et les écrire pour les transmettre !

Alors décrochez votre téléphone ou votre plume et contactez les membres de votre famille pour récolter ces précieuses anecdotes et leurs témoignages.

Enfin, le volume de documents que vous allez rassembler devra être organisé en dossiers et en sous-dossiers sur votre ordinateur pour vous y retrouver. Je vous conseille de repartir de votre organisation à l’étape 1bis pour créer un dossier pour chaque partie du livre.

Étape 2 bis – Rassembler les photographies de famille

En même temps que vous allez interroger vos proches pour noter les anecdotes familiales, il s’agit aussi de récupérer des photos pour illustrer votre livre.

Si vous rencontrez physiquement les personnes, demandez à photographier leurs photos de famille, et sinon demandez-leur s’il est possible de vous envoyer les copies des photos. Mettez en avant le fait que ces photos serviront à illustrer le livre, livre qui leur servira également car il concerne aussi leur famille !

Après avoir rassemblé toutes les photos, je vous conseille également de les organiser dans les dossiers que vous utilisez pour vos documents d’archives, de les renommer de manière à bien identifier la personne principale et/ou la date et le lieu de la photo.

Enfin, je fais toujours un travail d’amélioration de la photo, en la recadrant, en améliorant sa netteté et en gommant ses défauts.

Étape 3 – Extraire des documents ce que vous allez écrire dans le livre et rédiger

À ce stade, je commence à reprendre un par un les documents que j’ai rassemblés pour chacun.

Je me concentre ancêtre par ancêtre et je commence à rédiger sa biographie sur la base des documents et des informations trouvés précédemment.

Ce travail peut aussi se faire au fur et à mesure que l’on trouve les documents mais personnellement je me suis rendue compte que je préférais me concentrer d’abord sur la recherche et ensuite sur la rédaction.

Je rédige les anecdotes à part, car elles sont souvent issues de conversations orales et j’aime les retranscrire comme de petites histoires dans l’histoire. Elles font donc l’objets d’encarts dans le livre.

Je rédige également un texte d’introduction et un texte de conclusion.

Faites attention à ne pas utiliser de vocabulaire généalogique trop technique, ou sinon, veillez à bien expliquer le vocabulaire. Idem pour les métiers : si un métier de l’un de vos ancêtres n’est pas courant, expliquez bien en quoi il consiste dans le corps de votre texte.

Pour les généalogies ascendantes, j’utilise la numérotation Sosa dans le livre, donc là encore je fais un petit topo d’explication au début du livre pour que le lecteur puisse facilement se repérer entre les numéros de tous les ancêtres.

Étape 4 – Contextualiser votre texte

Vous avez rassemblé des photographies de famille, mais ce que j’aime aussi c’est illustrer le livre avec des cartes postales anciennes (à trouver sur les sites des archives départementales ou sur le site internet Delcampe.fr), des cartes géographiques, des peintures (par exemple sur le site internet Histoire-Image), tout ce qui peut donner un aspect plus graphique au livre. Cela permet également de mieux imaginer l’époque ou les lieux dans lesquels s’inscrivent les biographies de vos ancêtres.

Souvent, je rajoute également des encarts sur la vie quotidienne à l’époque d’un ancêtre, ou encore un encart qui explique son métier, ou encore un encart sur la guerre qu’il a pu traverser. Le livre Contexte France des éditions Thisa est très utile pour recontextualiser en fonction de l’époque.

Cette étape est très importante à mon goût pour vraiment réaliser un livre avec du relief !!

Étape 5 – Mettre en page textes et illustrations

C’est le moment de placer ensemble textes et illustrations ! Mon mantra c’est que la forme doit servir le fond.

Double-page d’un livre

Nous n’avons pas parlé du format du livre. J’utilise principalement un format A4 vertical (portrait). C’est un format utile pour présenter les documents d’archives, en plus d’être standard pour les imprimeurs.

En termes de mise en page, beaucoup font leur mise en page sur Microsoft Word. Cela marche très bien, mais pour une mise en page plus professionnelle, je vous conseille le logiciel Adobe InDesign. C’est un logiciel payant de la suite Adobe. Si vous voulez investir dans un bon outil pour votre livre et si vous voulez prendre le temps de vous former au logiciel, cela peut vraiment valoir le coup.

Pour ma part, je ne peux plus m’en passer. Grâce à ce logiciel, le design de mon livre est très esthétique. J’ai mis en place des automatisations pour pouvoir changer facilement dans tout le livre la police de mes textes suivant leur nature, pour mettre à jour automatiquement mes listes de sources, mes listes d’illustrations et mes tables des matières et pour pouvoir éditer un fichier de qualité dont je sais qu’il conviendra à mon imprimeur.

Avant de passer justement à cette dernière étape d’envoi à l’imprimeur, il s’agit de relire attentivement le manuscrit pour détecter les éventuelles fautes d’orthographe, les erreurs grammaticales et typographiques qui peuvent toujours se glisser dans le livre malgré le grand soin qu’on y a apporté. Sollicitez quelques relecteurs externes pour obtenir des commentaires objectifs sur votre livre !

Étape 5bis – Concevoir votre couverture

La couverture, c’est ce qui va attirer l’œil de votre proche et le pousser à se saisir de votre livre négligemment posé sur la table basse. Soignez-là !

Couverture pour l’histoire d’une maison

Généralement, j’y mets une belle photo qui représente ce livre.

Au dos de la couverture, je fais une mosaïque d’illustrations du livre avec un petit texte d’accroche.

Et sur la tranche, je rappelle le titre du livre et son auteur.

J’en profite pour vous dire ici que je demande à l’imprimeur une couverture rigide (et non souple) pour le livre. Cela lui donne un aspect encore plus beau !

Si vous avez réalisé votre couverture et que vous avez envie de la partager aux autres, envoyez-moi le visuel de votre couverture. Je ferai avec tous vos visuels une galerie d’inspiration !

Étape 6 – Envoyer votre maquette à votre imprimeur

Olala je sens que l’excitation est là ! Votre livre est enfin prêt à être imprimé, l’aboutissement de plusieurs années de travail et de recherches !

Vérifiez une dernière fois votre fichier. Il doit respecter les contraintes de votre imprimeur.

Il y a beaucoup d’imprimeurs pouvant se charger de l’impression. Je vous en donne deux possibles qui sont en ligne :

  • CoolLibrihttps://www.coollibri.com/ – le moins cher avec un assez bon rapport qualité-prix
  • Pixartprintinghttps://www.pixartprinting.fr/ – actuellement c’est l’imprimeur que j’utilise car je n’ai pas trouvé mieux. Les livres sont de qualité et leur service client est top.

Petite parenthèse : je vous ai parlé de la méthodologie dans l’optique d’écrire et de publier un livre à destination de votre famille uniquement, pour un usage privé. Si vous souhaitez publier ce livre pour le grand public et pour un usage commercial, il vous faut tenir compte de plusieurs obligations légales comme le dépôt légal et la demande d’autorisation pour utiliser les images des archives et les illustrations.

Avant d’envoyer votre livre à l’impression, il vous faut également définir combien d’exemplaires vous souhaitez imprimer (les tarifs d’impression sont généralement dégressifs). Tout au long de votre processus de rédaction du livre, il est donc important de communiquer sur celui-ci (je ne le dirai jamais assez, communiquer c’est la clé !). Votre famille pourra ainsi vous faire part de son intérêt dans votre travail et même d’y contribuer activement. Et c’est ce que je préfère dans la réalisation d’un livre : les échanges et les partages que cela génère entre les personnes, avant, pendant et après !

Pour conclure…

À travers les différentes étapes de cette méthodologie, vous avez désormais les outils nécessaires pour transformer vos recherches en un livre vivant et significatif !

Rappelez-vous, l’objectif ultime de ce processus est de préserver le passé pour créer des connexions dans le présent et le futur. En partageant votre histoire familiale, vous créez des liens intergénérationnels, renforcez le sentiment d’appartenance et inspirez les générations futures à découvrir et à apprécier leur propre héritage.

Alors, lancez-vous dans l’aventure et écrivez votre propre chapitre dans l’histoire de votre famille. Vos descendants vous en seront éternellement reconnaissants !!

Je vous invite à partager en commentaire vos impressions suite à la lecture de cet article. Vous sentez-vous prêt à vous lancer dans l’aventure ?

  • Bonjour Marine,
    Merci pour tes conseils clairs et pertinents, comme d’habitude. J’ai à peu près suivi toutes les étapes que tu décris (même si pas forcément dans l’ordre…) et suis contente car j’approche du but (la publication d’un livre sur la branche maternelle de ma généalogie).
    Par contre, j’ai complètement éludé la communication vers ma famille. Je crois que tu as raison, il faut absolument leur rappeler que je travaille toujours sur ce livre dont ils ont entendu parler mais qui tarde à arriver. Donc, le blog… Mais je n’ai jamais fait cela et j’hésite à me lancer par peur d’avoir à y passer trop de temps. As-tu déjà publié quelque chose sur la création d’un blog ou aurais-tu quelques conseils? Merci d’avance
    Mireille

    • Bonjour Mireille, Oui la communication c’est clé ! Pas forcément par l’intermédiaire d’un blog si cela te parait trop compliqué. Plus simplement, cela peut être en les prévenant par email. Ou si tu veux établir des contacts réguliers, à travers une newsletter familiale que tu envoies aux membres de ta famille. Concernant le blog, je suis en train de préparer un article sur comment créer son blog de généalogie ! À très bientôt 😉 Marine

  • Bonjour,
    J’ai écrit un livre pour les 90 ans de ma mère il y a une quinzaine d’années en utilisant Word et en me servant des sommaires automatiques, des paginations, des styles… Donc aucun problème pour la mise en forme.
    Je suis parti de multiples documents, sites et de mon logiciel de généalogie. J’ai eu la chance de récupérer une cassette audio faite par mon père, en présence de toute la famille, pour le centenaire de mon grand-père maternel.
    Pour le centenaire de la naissance de nos parents, j’ai fait une animation en m’appuyant sur Powerpoint que j’ai présenté à ma fratrie, à mes enfants et à mon épouse.
    J’ai regardé une alternative qui est la création d’un blog familial mais pour le moment sur cet environnement je trouve que c’est beaucoup d’énergie à consacrer et que les solutions techniques sont soit payantes soit peu performante.

    • Bonjour Max, Merci pour votre commentaire ! La présentation Powerpoint peut être un support intéressant en effet. Et quel trésor que cette cassette audio que vous avez pu récupérer !
      Concernant le blog, ce sera le sujet de l’un de mes prochains articles. C’est en effet beaucoup d’énergie à consacrer, il faut qu’il y ait à la base un plaisir d’écrire. Mais si vous avez déjà réalisé un livre, vous avez de la matière à réutiliser en la remaniant pour votre blog.
      Bien à vous, Marine

  • Bonjour, article très intéressant. Merci. J’ai écrit 2 livres sur mes recherches. L’un sur les ascendants de mes enfants (110p) et un sur l’histoire de notre nom de famille et sa transmission à nos jours (100p). j’ai travaillé avec Word et s’était la galère pour conserver les présentation, numéroter les pages, etc…
    Je travaillais sur 2 colonnes : l’une présentant l’histoire familiale et la seconde plus petite, présentant l’histoire de l’époque, dans le pays concerné.
    J’ai réussi par des astuces à sortir des documents corrects.
    Voici mon expérience sur le sujet, car je pense que la transmission est indispensable à la valorisation de nos recherches, et que celles-ci doivent être conservées, la transmission étant l’un de ces moyens.
    Après je suis réservé sur la mise en ligne de ces données, celles-ci étant monnayées par certaines organisations.
    Encore merci.
    Bérardino

    • Bonjour Bérardino, Merci pour votre retour d’expérience ! La mise en page parallèle de l’histoire familiale et l’histoire de l’époque est intéressante.
      Bien à vous, Marine

  • Merci pour cet article ! Je suis moi-même dans l’écriture de livres généalogiques. Cinq au total. oui , en fait le premier dont le sosa racine est ma fille, je remonte à cinq générations. Puis 4 autres livres, un pour chacun de ses grands parents et là je remonte jusqu’à la génération X et pour celui de sa grand-mère paternelle, jusqu’à la génération XVI. D’ailleurs je crois que celui là aura 2 tomes. Le premier est prêt mais j’ai toujours une bonne raison pour ne pas le donner à un imprimeur. Les autres sont écrits mais en cours de relecture et de correction. Je me retrouve bien dans votre article. Je crois que je vais regarder le logiciel pour la mise en page car j’ai travaillé sur Word.
    Merci encore pour cet article et bonne continuation pour vos articles excellents

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