Mon grand-père Pierre a toujours eu de la chance. Né un 13 du mois décembre, il a survécu à deux événements qui auraient pu bouleverser sa vie.
Le 28 août 1944, des soldats allemands débarquent à la SNCAM (Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Midi) au Havre, et font prisonniers les 12 employés qui s’y trouvent, parmi eux mon grand-père. Ceux-ci rejoignent les 160 employés de l’usine de la compagnie électro mécanique du Havre et les 6 employés de la SNCF faits prisonniers le même jour.
La raison de leur arrestation est obscure : « menées subversives » qui méritaient des sanctions. Les prisonniers étaient de tout âge, avec parmi eux des vieillards, des jeunes filles, des infirmes qui travaillaient à l’usine.
Plusieurs fois les prisonniers croyaient être libérés le lendemain, mais ils furent conduits à Fécamp. L’attente de leur sort était terrible, ils ne savaient pas ce qu’il allait leur arriver, et craignaient à tout moment d’être emmenés pour être fusillés. Des habitants de Fécamp et du Havre se mobilisèrent pour les faire libérer. Mais les allemands disaient qu’ils étaient des terroristes et qu’ils ne voulaient pas les laisser derrière eux. En effet, le 26 août 1944 avait eu lieu la libération de Paris, et les allemands commençaient à se retirer. Heureusement leurs soutiens réussissent à obtenir un laisser passer aux prisonniers, et finalement les allemands les laissent partir.
Quelques années après avoir failli être fusillé, mon grand-père échappa à un accident d’avion. Il devait prendre un petit hydravion dans le cadre de son travail. Mais au dernier moment il décide de ne pas le prendre, et son directeur et d’autres collaborateurs partent sans lui. L’avion s’écrasa en mer et disparut, sans survivant. Mon grand-père jura de ne jamais remonter dans un avion de sa vie !