Et voilà, nous sommes le 2 mai 1933 et à la sortie de l’Eglise Saint Antoine des Quinze-Vingts dans le 12ème arrondissement de Paris, c’est la fête ! On vient de célébrer l’union de Louis-Joseph Soulas et Simone Domergues. Lui est peintre graveur. Originaire d’Orléans, il n’a que 27 ans mais a déjà acquis une belle notoriété. Elle est une jeune parisienne de 25 ans étudiante aux Beaux-Arts de Paris.
Ils partagent donc la même passion pour l’art, mais c’est par un concours de circonstances qu’ils se sont rencontrés. Nous sommes dans les années 30. Sylvain Domergues possède une jolie maison de vacances à Coutainville, sur les bords de la Manche, et chaque été Marguerite sa fille y passe les vacances. En fait, à l’Etat civil, elle s’appelle Marguerite, mais n’aimant pas ce prénom, elle se fait appeler Simone ! Donc, chaque été, Simone profite de la plage avec sa meilleure amie Andrée Poncelet, rencontrée pendant ses études d’art à Paris.
De son côté, le peintre-graveur André Jacquemin aime aussi venir à Coutainville pour visiter des parents à lui, les Mentz. Ceux-ci fréquentent régulièrement la famille Domergues, et c’est par eux qu’il fait la connaissance de Simone. En ce mois d’août 1932, André parle à Simone de son ami Louis-Joseph, qu’il a rencontré lors de son service militaire. Ils se sont retrouvés au service géographique de l’armée car ils sont tous les deux graveurs. Depuis qu’ils sont revenus de là-bas, ils continuent de se voir régulièrement. André loue la superbe technique de gravure de Louis-Joseph et promet d’emmener Simone à sa prochaine exposition pour qu’elle admire d’elle-même ses œuvres.
De retour à Paris, André emmène effectivement Simone au vernissage d’une exposition de la Jeune Gravure Contemporaine à laquelle sont exposées des gravures de Louis-Joseph, mais quand ils arrivent, celui-ci est déjà parti. Quelques semaines plus tard, il y a un nouveau vernissage à la Galerie Simonson, et cette fois André réussit à présenter Simone à Louis-Joseph. Mais celui-ci, plutôt que de parler art avec Simone, passe la soirée à lui parler cuisine et à disserter sur la meilleure façon d’accommoder la salade aux œufs durs !
Les vacances suivantes, Simone est de nouveau à Coutainville. André et Louis-Joseph débarquent quelques jours dans la petite station balnéaire. Ils sont déguisés en femmes et les deux compères mettent la pagaille sur la plage ! En soirée, lorsque la nuit commence à tomber, les habitants de Coutainville ont l’habitude de se promener en famille sur la digue longeant la plage. Mais un soir, les braves bourgeois de Coutainville aperçoivent avec frayeur deux squelettes qui s’agitent le long du rivage où déferlent les vagues ! Ce sont en fait Soulas et Jacquemin qui se sont habillés en noir et ont collé sur leurs vêtements des os en carton blanc !
Après ces quelques jours de farces, dont une corrida sur la plage dans laquelle Soulas et Jacquemin se sont également déguisés en taureau, il est temps de rentrer à Paris. Le matin de son départ, Louis-Joseph vient sous les fenêtres de Marguerite pour lui demander avec beaucoup de sérieux s’ils peuvent se revoir quand elle reviendra à Paris, et il lui donne rendez-vous sur le parvis de Notre Dame… La suite nous ramène en ce 2 mai 1933 au mariage de mes grands-parents !
Et quelques mois plus tard, André Jacquemin épousera Andrée Poncelet la meilleure amie de Marguerite !
Et vous ? Comment vos grands-parents se sont-ils rencontrés ?
Sources :
– Merci Papa !
– Détails racontés par ma grand-mère à Jack CHARGELEGUE, pour ses « Notes pour une biographie » parues dans « Hommage à L.-J. SOULAS » édité par « Les Amis de SOULAS », Paris 1959